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Taxi, profession en péril à Mayotte

Alors que sont tracés les lignes de transport en commun et que se profilent les premiers travaux, les taxis se préoccupent trop du nombre de licences distribuées et pas assez de leur avenir, déplore Mohamed Hamissi. Pour qui leur survie passera par un statut de prestataire de service des collectivités.

Même s’il est inégalement appliqué, l’arrêté préfectoral restreignant la jauge de passagers à l’intérieur des taxis en respect des gestes barrière, a fait des remous dans la profession. Une partie des taximen de l’île s’est mise en grève pour protester contre cette amputation de leurs ressources. Mais à y regarder de plus prés, ce n’est qu’une petite vague au regard du tsunami qui les attend. Sans adaptation, c’est la noyade qui les guette.

Plusieurs phénomènes concomitants mettent en danger ce vieux métier à Mayotte où les premiers véhicules ont fait leur apparition en 1960.

Les embouteillages tout d’abord, qui diminuent mécaniquement le nombre de rotations, et qui les incitent à ne plus se rendre dans certaines zones, trop éloignées de leurs lignes habituelles. Un trajet de Mamoudzou vers Koungou devient vite un cauchemar le matin avec des véhicules à l’arrêt dans le sens au retour. La délinquance aussi puisqu’ils évitent de se rendre dans des quartiers chauds à la nuit tombée. Mais c’est surtout l’évolution de la société et celle des transports en commun qu’ils doivent anticiper, met en garde Mohamed Hamissi, directeur de la Communauté de communes de Petite Terre (CCPT), et le spécialiste des transports en commun sur l’île.

Il alerte sur une réorganisation urgente. « En plus des embouteillages et de l’insécurité, il doivent faire face aux taxis mabawa (clandestins) et aux mototaxi non déclarés. Il faut également prendre en compte l’augmentation du niveau de vie à travers la réévaluation du SMIC et l’indexation. De plus en plus de foyers possèdent leurs voitures particulières, et n’hésitent pas à les barger pour prendre l’avion en Petite Terre ou aller à la plage en Grande Terre. Ils deviennent un transport captif, uniquement pour des gens qui n’ont pas le permis ». Et la densification du parc automobile accroit encore les embouteillages, même les week-end, aggravant le problème de circulation pour les taxis et incitant le territoire à réorganiser sa circulation avec la mise en place de transports en commun urbains et interurbains.

Mohamed Hamissi : « Les taxis doivent anticiper et intégrer une offre de transport public »

Devenir des pions du transport public

Mohamed Hamissi avait été à la manette à la CADEMA pour l’implantation de CARIBUS, et avait initié avec les élus de l’époque une double enquête pour cerner l’usage et les problématiques des taxis. « Cela avait été compliqué de les convaincre d’intégrer cette offre de transports publics encore à l’étude ». Et pourtant, le projet a fait son chemin et les premiers travaux devraient commencer cette année. Mais sans eux. « Il faut absolument que les taxis comprennent que leur profession est en péril, non pas à cause d’un arrêté préfectoral qui les perturbe momentanément, mais parce qu’ils doivent intégrer une offre de transport public. Et en étant conventionné, cela ne les empêche pas de poursuivre leur activité de taxi privé ».

Il invite les taxis à se tourner vers les collectivités organisatrices des transports. « C’est à dire la CADEMA, le conseil départemental, l’agglomération du Grand Nord, pour lesquelles cette compétence est obligatoire, et toutes les intercommunalités qui l’ont récupéré par choix, c’est à dire toutes, sauf Petite Terre, qui l’a laissé au conseil départemental, qui lui délègue sur certains axes. C’est le cas au sein du PCAET, le Plan climat-air-énergie territorial, où les élus ont eu l’intelligence d’anticiper en cherchant à optimiser les transports publics en Petite Terre en intégrant les taxis collectifs ».

Il s’agit pour les élus de Petite Terre d’anticiper sur les évolutions de trafic engendrées par l’allongement de la piste, l’émergence du nouvel hôtel de l’aéroport, « la tentation de barger sa voiture va être grande, les bouchons vont s’en ressentir. »

« Des voitures neuves pour transporter qui ?! »

En 2018, le tracé de Caribus était présenté pour intégrer les taxis aux pôles d’échange de transport

Lui qui est un fidèle client des taxi, les interpelle régulièrement quand ces derniers lui parlent de l’aide de 6 millions d’euros du conseil départemental l’année dernière pour moderniser leur véhicule, « mais vous aurez des voitures neuves pour transporter qui ?! » Surtout que certains ont emprunté pour acheter une voiture neuve grâce à cet apport.

Selon lui, les taximen et women doivent dépasser leur clivage, « l’heure n’est plus à se demander quel est le syndicat le plus représentatif ou qui en est le président, ni combien de licences sont en circulation, ce n’est pas ça qui les fera vivre. Ils doivent jouer collectif et venir défendre leur avenir auprès des collectivités en devenant des prestataires. Sans quoi, ils disparaitront d’ici 10 ans », prophétise Mohamed Hamissi.

Le « monsieur transport commun » du territoire nous rappelle sa vision de l’île à moyen terme : « Si nous arrivons à régler le problème de gouvernance et d’aménagement, Mayotte pourrait être un modèle dans 10 ans en matière de transport public, alors que nous accusions un retard de 50 ans. Avec un seul ticket on pourra se rendre de Kani Keli à l’aéroport. Par bus jusqu’à Passamainty tout d’abord, puis avec Caribus jusqu’à la barge, puis en Petite Terre en empruntant une des deux lignes de transport interurbain pensées par le conseil départemental. » Des dessertes maritimes sont aussi en projet.

L’étude menée au moment du lancement de Caribus leur confiait notamment le transport des passagers des bus, ou navires à leur arrivée au pôle d’échange multimodal jusqu’à chez eux.

Pour Mohamed Hamissi, aucune inquiétude à avoir, « il y aura de la place pour tout le monde, y compris les taxis. Ils sont là depuis 1960, ils ont permis de développer Mayotte et d’aider à la découverte du territoire. Il faut les préserver, mais il faut qu’ils acceptent de l’être ». Une profession à la moyenne d’âge élevée, qui a besoin d’un accompagnement compétent, notamment sur le volet juridique. C’est d’ailleurs le rôle de la Chambre des métiers.

L’adaptation au changement va devoir se faire rapidement, « le démarrage des travaux d’aménagement de Caribus va limiter les places de stationnement, les employés des entreprises et administrations sur place pourraient privilégier les taxis, ils ont une carte à jouer. »

Anne Perzo-Lafond

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