Les réactions sont encore nombreuses aux propos du député réunionnais LFI Jean-Hugues Ratenon sur l’importation de la délinquance de Mayotte dans son île. Certaines constructives, d’autres aiguisant un peu plus le fer, le tout c’est qu’elles débouchent sur des propositions qui font avancer de part et d’autre.
On se souvient que les Forces vives ont reproché au député « une solidarité conditionnée par des intérêts politiques plutôt que guidée par les valeurs d’équité et de justice », en revenant sur les injustices dont a pâti Mayotte, orchestrées par La Réunion. Citant en exemple la peu glorieuse époque de l’ARS océan Indien, privant d’un développement certain, et expliquant partiellement selon eux l’état actuel de l’île.
C’est ensuite l’opinion sur le sujet que le sénateur Thani Mohamed Soilihi a développé en Délégation Outre-mer du Sénat, que nous avons relayée : « Etant donné l’absence de Centre Éducatif fermé à Mayotte, les jeunes sont envoyés à La Réunion, et quand ils sortent, ils partent dans la nature ». Il appelait donc à la construction rapide de ce CEF à Mayotte d’une part, et à une convergence des droits rapide d’autres part, pour éviter les départs des familles vers La Réunion.
Dans un communiqué, le Collectif des citoyens de Mayotte s’insurge de la proposition de Jean-Hugues Ratenon d’envoyer les jeunes violents « vers d’autres départements de l’hexagone » et estime que « si ces violences sont de plus en plus importées à la Réunion, c’est précisément parce que ces dernières années, au lieu de les renvoyer chez eux, la préfecture de Mayotte régularise massivement les immigrés qui s’empressent alors de rejoindre ce département voisin. »
C’est un autre sénateur mahorais, Saïd Omar Oili qui réagit ce jeudi, dans un courrier qu’il envoie au parlementaire réunionnais. Sans jeter de l’huile sur le feu, il remet les choses en perspectives, notamment sur le plan démographique : « Il faut que vous mesuriez bien les différences entre nos deux territoires. Votre population se compose à 80 % de réunionnais (…) les Mahorais constituent dans votre île 1,1 % de votre population. À Mayotte, d’après les données de l’INSEE, c’est près de la moitié de la population qui est d’origine étrangère. La densité démographique y est de 690 habitants par km2 contre 336 à la Réunion, alors même que le taux de pauvreté est supérieur de 41 % par rapport à celui de votre département. »
C’est donc du « soutien » qu’il attend du député, notamment sur le vote de la suppression de la carte de séjour territorialisée à Mayotte.
A.P-L.