Pendant les six mois où il est ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, Gabriel Attal ambitionne de redonner du lustre à la maison. Les élèves de France perdent chaque année un peu plus de niveau, notamment en mathématiques, matérialisé en 2023 par la 23ème place au classement PISA (Programme international pour le suivi des acquis) des élèves qui mesure la performance des systèmes éducatifs.
Pour revoir la copie, le ministre d’alors confie à une mission « exigence des savoirs » le soin d’identifier les principales mesures à prendre pour rehausser le niveau scolaire des élèves, de la maternelle au lycée, et de lui proposer un plan d’action opérationnel pour les mettre en œuvre. Sont particulièrement visées les matières du français et des mathématiques,
« qui conditionnent la réussite dans toutes les autres disciplines », souligne le ministre.
Parmi les membres nommés pour réussir cette mission, Gilles Halbout. Le ministre ayant notamment salué son action sur notre département, « les travaux conduits sur les fondamentaux à Mayotte, lorsqu’il y était recteur, font pour moi référence », avait-il indiqué dans les colonnes du Monde. Outre le développement du dispositif « Petit lecteur-petit scripteur », Gilles Halbout avait en effet mis en place à Mayotte le plan « Dire-Lire-Écrire », dont l’objectif était de mettre l’accent sur ces trois phases d’apprentissage au moyen de 10.000 manuels identiques pour tous.
Gabriel Attal recentre l’éducation à Matignon
Notamment issu d’une consultation de 230.000 enseignants, le compte-rendu de la mission faisait état de plusieurs points d’amélioration, qui bien que semblant des plus logiques, faisaient effet d’une révolution : l’avis de l’équipe pédagogique sera déterminante en cas de redoublement de l’élève, stage de réussite pendant les vacances scolaires pour les élèves en difficulté, fin du « correctif académique » de rehausse des notes, financement des manuels scolaires de CP et CE1 par l’Etat, groupes de niveaux en collège en français et en maths, scolarité aménagée pour les savoirs fondamentaux, pas de brevet-pas de lycée, mais passage par une remise à niveau, etc.
Tout un champ d’actions que le ministre n’a pu mettre en place ayant été nommé à la tête du gouvernement en janvier 2024, soit quelques jours après la publication des attendus de la mission.
Pour lui succéder, le remaniement ministériel dévoile le nom d’Amélie Oudéa-Castera, dont les sorties médiatiques sur les écoles privées lui imposeront de plier bagage illico pour laisser la place à Nicole Belloubet, ex-PS, et ancienne ministre de la Justice dans le gouvernement Philippe. Cette dernière annonçait il y a quelques jours un « assouplissement » dans la mise en place des groupes de niveaux. Une direction qui n’est pas celle donnée par Gabriel Attal.
Ce dernier succédant à Elisabeth Borne, il remplace le poste de conseiller d’éducation qui était alors Bénédicte Durand, par Gilles Halbout ce mercredi 13 mars 2024. Comme pour joindre le geste à sa parole d’il y a quelques mois, « J’emmène avec moi ici, à Matignon, la cause de l’école ». Et comme pour redonner le cap à sa ministre, le Premier ministre se rend avec elle ce jeudi dans un établissement scolaire, et annonce « réancrer la feuille de route notamment sur le choc des savoirs ». Le ton est donné, pas encore celui d’une divergence, mais pas loin.
Pas un poste de tout repos donc pour Gilles Halbout, mais ses plus de trois années passées à Mayotte auront prouvé que c’est l’homme de ces situations qui pour tempétueuses qu’elles soient, ne l’incitent pas à lâcher la barre.
Anne Perzo-Lafond