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AccueilorangeRixes à Koungou : « Une violence paroxystique », témoigne le colonel Casties

Rixes à Koungou : « Une violence paroxystique », témoigne le colonel Casties

Encore une fois des guerres de bandes qui dégénèrent, encore une fois, les maires doivent remettre l’ouvrage sur le métier pour pacifier leur commune à la pression migratoire croissante. « Méfions-nous des solutions toutes faites, tout ça prend du temps », relève le numéro 2 de la gendarmerie. A Koungou, un « conseil des sages » se tenait ce lundi soir.

Les renforts de gendarmes annoncés par Gérald Darmanin sont arrivés, et ont été immédiatement absorbés par les différents points de tensions sur l’île. Après que Dembéni/Iloni aient tenu la vedette la semaine dernière avec Miréréni/Combani, c’est au tour de Koungou/Majikavo de prendre le relais, avec un déchainement de violence dont la graduation semble sans limite. « Paroxystique » est d’ailleurs le mot qui revient le plus souvent dans la bouche du colonel Olivier Casties, commandant en second de la gendarmerie de Mayotte.

Le militaire a été une des chevilles ouvrières aux côtés du maire de Dembéni dans le recherche de solutions aux violences dont il a failli faire personnellement les frais, et évoque pour nous la situation à Koungou. « Dans cette commune, la situation est différente de Dembéni. La problématique du fort développement de l’habitat informel où beaucoup de jeunes en errance passent leur temps à se pourchasser, donc avec un désir de revanche, et de vengeance qui en découle. »

Les habitants excédés veulent « la paix à Koungou »

Nous avons sensiblement le même écho de la mairie, auprès du DGS Alain Manteau, le maire Assani Saindou Bamcolo étant occupé : « Le conflit en cours touche une partie des jeunes dont une dizaine s’est réinstallée dans le quartier Jamaïque, pourtant évacué par l’Etat lors d’une opération de loi ELAN car sévissait notamment un trafic de drogue. Le terrain appartient à la société Cananga qui s’était engagée à le clôturer pour éviter qu’il soit de nouveau squatté ». Les réinstallations n’ont apparemment pas fait l’objet de constat de flagrance de la part de la police municipale auprès de son maire. C’est ce que souligne le colonel de gendarmerie, « la mairie n’aurait pas dû les laisser se réinstaller. A peine les bases installées, le maire a le pouvoir de police pour les faire détruire. Avant que les élus ne réclament des mesures extraordinaires, il y a des moyens sur place qu’il faut utiliser. Car ensuite, quand il y a beaucoup de cases, et que j’incite les maires à engager une opération de démolition avec l’Etat, ils me répondent que le processus est trop long ! »

Des interpellations tous les jours

Actuellement à Koungou, c’est un peu la survie pour les habitants qui partent travailler sans savoir ce qu’ils vont rencontrer au détour d’un virage, « notre travail actuellement sur place, c’est de préserver la vie humaine, et les activités basique dans cette zone poumon économique de l’île. » Le site stratégique du port de Longoni est en effet sur la commune. « Ce sont des razzias de villages en villages, au sein même de l’habitat informel au début, et ça a débordé sur la voie publique. Nous intervenons dans tous les cas. »

Les gendarmes devant un collège de Koungou fermé ce lundi

Dans la population, c’est le ras-le-bol permanent, « et je les comprends, la violence est paroxystique ! On entend parler de solution extrême, mais dans les pays où est manié facilement le fusil mitrailleur, la paix n’est pas là pour autant, et les populations pas plus heureuses. »

Une zone qui n’a pas fini de requérir leur présence, mais elle n’est pas la seule, « à Dembéni, comme à Ouangani, à Barakani ou Miréréni, rien n’est terminé pour autant, et si nous avons pu retirer les blindés et l’hélicoptère, nous sommes présents plus discrètement. Nous effectuons des interpellations tous les jours, les délinquants ne doivent pas s’imaginer qu’une fois passée l’intervention de la force publique, il n’y a pas de conséquence. »

Record de non-évacuation d’établissement !

La semaine précédente, l’information du meurtre d’un jeune de Trévani par un autre de Koungou circulait, démentie, et même chose ce lundi, où les messages évoquaient le décès d’un jeune de Koungou, « la semaine dernière, il s’agissait d’un bébé tombé des bras de sa maman, il a été pris en charge, et il va bien. A chaque fois qu’une fausse information est postée sur les réseaux sociaux, la situation peut rebasculer et dégénérer pour rien. Ce lundi matin, certains annonçait le collège de Koungou au bord de l’envahissement, alors que quelques gamins très jeunes essayaient de mettre le bazar, que nous avons chassés ». Malgré tout, des bus se sont faits caillasser. La gendarmerie est néanmoins sur le pont,  « Je précise quand même que depuis le 27 août dernier, en zone gendarmerie, aucune évacuation d’établissement n’a été à déplorer à cause de violence, seulement sur la crise hydrique. Cela fait plusieurs années que cela ne s’était pas produit. Mais évidemment, nous ne sommes pas à l’abri d’une nouvelle escalade. »

Des habitants se sont réunis ce lundi soir pour trouver des solutions auprès de leurs jeunes

Si nous avons sollicité le maire de Koungou, comme nous l’avons fait pour celui de Dembéni, c’est qu’un élu peut beaucoup, en tout cas beaucoup plus qu’en Congrès des maires à Paris. A la mairie de Koungou, on nous assure que des démarches sont initiées, indique toujours le DGS, mais institutionnelles pour l’instant, « nous attendions le retour du directeur de la Police municipale pour organiser un Conseil local de Sécurité et de prévention de la délinquance et solliciter le préfet pour un couvre-feu ». Rappelons que les CLSPD sont des outils de prévention, souvent activés trop tard, au moment du marasme, et qu’ils sont efficaces lorsqu’ils convient comme à Dembéni des représentants des différents villages, « nous les rencontrons une fois par semaine », rapporte Alain Manteau.

« On n’en peut plus de cette violence ! »

Quant au couvre-feu, nous avions rapporté son peu d’efficacité lorsqu’il a été décrété à Dembéni, quand des hordes de jeunes déferlent sur la voie publique, difficile de le faire appliquer… « Il faut se méfier des idées simples. C’est normal que la population soit excédée, mais tenter de trouver une vraie solution, ça demande du temps. Des partenariats commencent à produire leurs effets, il faut continuer ce travail de proximité. »

C’était justement le cas ce lundi soir sur la place de La Poste à Koungou où une trentaine d’habitants se sont réunis. « C’est à l’initiative des notables de la commune qui ont décidé que ça suffisait », nous explique un représentant de la mairie. « On en a marre, on n’en peut plus de cette violence, on veut la paix », nous interpelle un habitant. Au micro, un homme qu’on nous présente comme enseignant au collège de Koungou, incite en shimaore les parents à s’occuper de leurs enfants, « si vous ne le faites pas, les écoles seront encore fermées, comme aujourd’hui. On veut qu’elles ouvrent demain. »

Peu à peu, la mairie met en place des actions, « une rencontre est en discussion d’ici mercredi avec les notables de Trévani, d’autres actions suivront ».

Anne Perzo-Lafond

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