Les principaux points du Pacte asile immigration adopté ce mercredi 10 avril portent sur un filtrage obligatoire de migrants à l’arrivée aux frontières d’un des pays de l’UER, avec identification et partage des données entre l’ensemble des pays membres au sein d’une base de données commune. Les dossiers des demandeurs d’asile seront examinés dans un temps court, on parle de 7 jours. Ce qui implique des moyens humains conséquents, on espère en tout cas que ce raccourcissement des délais d’instruction des dossiers touchera Mayotte où ils frisent les deux ans.
Les moins susceptibles d’obtenir le statut de réfugié seront envoyés dans des sortes de Centre de rétention fermés, en attendant leur reconduite à la frontière.
Un mécanisme d’entraide sera mis en place pour, soit accueillir des demandeurs d’asile, soit adresser une contribution au pays de leur destination.
Dans un communiqué, Valérie Hayer, présidente du groupe Renew Europe, et candidate aux prochaines élections européennes pour le parti d’Emmanuel Macron, se réjouit de cette adoption : « Le président de la République l’avait appelé de ses vœux lors de son discours de le Sorbonne et avait relancé les négociations lors de la Présidence française du Conseil de l’Union européenne : ce pacte est désormais une réalité. Il permettra un meilleur contrôle de nos frontières extérieures, de mieux lutter contre l’immigration illégale, et, en même temps, d’améliorer les conditions d’accueil des réfugiés dont la procédure de demande d’asile sera harmonisée et la solidarité entre États renforcée. »
Couper les votes sous les pieds de l’extrême droite
Dans ce même communiqué elle fustige le comportement des LR et des socialistes français qui n’ont pas voté ce Pacte, « contre l’avis de leurs groupes européens », sous-entendant une revanche après le vote en France de la loi Immigration.
Gérald Darmanin se réjouit également sur sa page Facebook d’une « avancée majeure pour l’Union européenne : renforcer la lutte contre l’immigration irrégulière, agir en solidarité entre États membres et mieux organiser le traitement des demandes d’asile avec comme objectif la fermeté ! »
Un texte qui arrive deux mois avant les élections européennes du 6 au 9 juin 2024, pour lesquelles les sondages mettent l’extrême droite loin devant les autres groupes. De quoi leur couper l’herbe sous les pieds en dissuadant les électeurs de voter notamment RN en France et alors que l’extrême droite monte un peu partout en Europe ? L’avenir le dira.
Mais d’ores et déjà l’application de ce Pacte n’est prévue qu’en 2026, sans certitude donc qu’il le soit un jour. D’autre part, il est écrit par des Etats vieillissants qui y voient la possibilité d’avoir une immigration choisie de travailleurs sur leur territoire respectif. Il ne s’attarde toujours pas sur la capacité d’intégration des pays, sur les préalables d’adaptation culturelle des personnes arrivant en nombre , alors que jusqu’à présent, on peut parler d’accompagnement théorique en France.
Alors, ce Pacte asile migration réfléchi depuis dix ans et adopté deux mois avant les élections, incarne-t-il seulement un vote d’opportunité ou bien le début d’un réel changement des politiques migratoires ?
Anne Perzo-Lafond