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Tourisme/ Patrimoine : « Il faut être aux côtés des anciens, ils ont des choses à raconter »

La semaine des métiers du tourisme s’est terminée samedi dernier avec en point d’orgue une visite guidée de la mosquée de Tsingoni, la plus ancienne de France. Pour l’occasion Ibrahim M’Colo, chargé du tourisme vert et de la valorisation du patrimoine au sein de l’office de tourisme de la 3CO, en a profité pour nous confier sa passion et ce qui l’a amené à devenir guide touristique.

Ibrahim M’Colo ne s’était pas destiné à travailler dans la culture et dans le patrimoine, même si sans le savoir tout de suite cela a toujours trainé quelque part dans sa tête. « Mon père travaillait à Coconi… Il avait deux champs du côté de Ouangani. J’aimais bien y aller et un jour je me suis dit que ça serait bien d’amener des gens pour leur faire découvrir, mais ça n’allait pas plus loin ». Ce n’est que quand il croise sa cousine avec des amis, un jour en sortant de l’école, que celle-ci lui propose d’aller au mont Choungui afin qu’il leur fasse visiter. « Je m’en rappelle, c’était au lycée, j’étais en mocassin ! Sourit Ibrahim. Je n’y connaissais rien, je me suis renseigné vite fait et nous sommes montés au mont Choungui », se souvient-il. Ce fut alors sa première visite. Aussi, bien que timide comme il l’avoue, Ibrahim passera quand même son Bafa (brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur) par la suite, « J’aimais bien l’animation et malgré ma timidité mes formateurs m’ont poussé… ».

Des études en métropole alors que ce n’était pas gagné d’avance…

Au sortir de son bac, Ibrahim ne savait pas trop quoi faire. « Je n’avais pas fait mes vœux d’orientation car je comptais rester à Mayotte. C’est quand j’ai vu que tous mes copains partaient que je me suis senti seul. J’ai regardé rapidement sur internet quelle formation je pouvais trouver en métropole pour pouvoir partir », raconte-t-il. Finalement il dépose un dossier, qui est accepté, et trouve une formation en Sciences politiques au sein de l’université de Lille. « J’ai dit à mon père que je partais en métropole pour faire Sciences po afin qu’il me laisse partir. Ça s’est passé très vite, un beau jour j’ai reçu un coup de téléphone du Département me disant : Vous prenez l’avion aujourd’hui. J’étais alors en plein voulé ! Le temps de réunir mes affaires et d’arriver à l’heure à l’aéroport, je suis parti comme j’étais, on était alors mi-septembre ».

La mosquée de Tsingoni est en cours de restauration

Quel ne fut pas le choc de température lorsqu’il a atterri à Roissy. « Il faisait froid, c’était gris, et mes camarades m’avaient dit : Lille c’est le Nord, il fait très froid. J’ai donc renoncé à partir pour Lille et suis allé à Orléans, chez ma tante. En arrivant elle m’a dit qu’elle me laissait une semaine pour trouver une formation et après que je devais m’en aller ». Ibrahim a alors fait des recherches sur internet et a trouvé une formation : un BTS Animation et Gestion touristique dans l’académie de Toulouse, ce qui lui convenait mieux… « J’ai appelé et je me suis rendu à l’école une semaine après mon arrivée, c’était à Foix dans l’Ariège. Sauf que les inscriptions étaient closes depuis déjà quelques temps ». Ibrahim y est alors allé au culot et n’a pas lâché le morceau. « Ils ne voulaient pas m’inscrire, j’ai alors décidé d’y retourner tous les jours et à chaque fois je demandais à la secrétaire de m’inscrire, je lui ai dit que je n’avais pas quitté Mayotte pour rien et que je voulais suivre cette formation ». Finalement au bout d’une semaine de tentatives, la Région a consenti, grâce à une dérogation exceptionnelle, à l’inscrire en BTS Animation et Gestion touristique.

Une visite dans la cité de Carcassonne comme déclic

Cela a été très vite pour lui, trois jours après le début des cours il devait organiser une visite pour la journée d’intégration, c’est la qu’il a découvert la ville de Carcassonne et sa citadelle médiévale. « Ça a été un réel déclic pour moi ». En dépit de cette agréable découverte, Ibrahim ne se sent pas à l’aise, « Je pensais que cette formation n’était pas faite pour moi car il y avait beaucoup de vocabulaire que je ne maitrisais pas, mais les professeurs m’ont accompagné, épaulé et motivé pour que je réussisse ». Passé les premiers mois, Ibrahim s’est donc acclimaté et a pris confiance en lui. Son stage de fin de première année il l’a effectué à Mayotte au sein de l’association Oulanga na Nyamba. « C’est ce qui m’a donné envie de rentrer dans le métier et de faire découvrir les richesses aux autres, au public ».

Quelques amoureux des vielles pierres avaient fait le déplacement jusqu’à Tsingoni samedi matin

Il est donc allé au bout de son BTS qu’il a obtenu en ayant pris l’option guide du patrimoine. Une fois diplômé, de retour à Mayotte, il sent qui lui manque quelque chose. « J’ai décidé de retourner en métropole, toujours à Foix, et de faire une licence professionnelle Tourisme et Développement du territoire », qu’il obtient également après avoir fait un stage dans l’animation territoriale. Sentant que c’est la voie dans laquelle il souhaite s’engager, Ibrahim poursuit ses études avec un double master, un sur le Développement territorial et un autre sur la Valorisation du patrimoine, ce qui l’a amené, par la suite, à participer à la création du musée de Mayotte, le MuMA, en étant chargé de la médiation notamment. Il est dévenu ensuite enseignant en Histoire, pour être maintenant chargé du tourisme vert et de la valorisation du patrimoine, au sein de l’office de tourisme de la 3CO.

Aussi pour ceux qui seraient tentés de devenir guide du patrimoine à Mayotte, Ibrahim distille quelques conseils : « Il faut s’intéresser à l’histoire des bâtiments et des quartiers, mais surtout être aux côtés des anciens, ils ont des choses à raconter, ce sont eux qui transmettent oralement l’histoire de Mayotte car nous manquons d’écrits et de récits concernant notre territoire. Il faut également ne pas avoir peur de poser des questions », insiste-t-il.

B.J

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