L’usage de moyens aéroportés demandé de longue date par la population à la fois contre l’insécurité et à la fois dans la lutte contre l’immigration clandestine est en réalité fréquent, nous rapport Aurélien Diouf, directeur de cabinet que nous avons contacté à la suite de son dernier arrêté sur le sujet.
Il s’agit dans ce cas d’un appui aux forces de l’ordre lors de leur intervention programmée sur différents points de l’île. Dans le cadre d’une réquisition administrative de l’armée datée de ce 8 mars 2024 dans la lutte contre l’immigration clandestine, l’utilisation des drones va permettre « de faciliter le déplacement des forces de l’ordre, de repérer les tentatives de fuites, et surtout, de prévenir d’éventuels guet-apens », précise le directeur de cabinet. L’arrêté précise que le relief géographique et les déplacements rapides des passagers de kwassa lorsqu’ils beachent, sont autant de freins lorsqu’il faut leur courir après dans la mangrove.
Le drone est le moyen adapté, l’arrêté juge en effet que « le franchissement irrégulier des frontières du territoire français et massif à Mayotte, est très majoritairement réalisé par la voix marine, qu’il n’existe pas d’autres moyens pour assurer ces missions en toute sécurité, tant pour les forces engagées que pour les étrangers en situation irrégulière, qu’il permet de suivre en direct les mouvements des personnes afin de les intercepter à la sortie des zones dangereuses ».
Un usage très encadré
Mais un usage de drone très règlementé, qui est dans ce cas programmé dans des zones « dépourvues d’habitation », et sur un temps limité : « Par rapport aux moyens de droit commun utilisés tous les jours, il s’agit là de moyens spéciaux, du même type que des véhicules blindés, qui doivent être encadrés par un usage sur des périodes définies. »
Ce qui ne sera pas forcément le cas lors de la mise en place du « rideau de fer sur l’eau » de Gérald Darmanin, pour lequel des techniques novatrices pourraient être utilisées selon les fuites médiatisées sur le sujet, « la feuille de route est en cours d’écriture », confie sobrement le sous-préfet.
C’est la Légion qui fait usage de ces drones, sur une période du 11 au 15 mars 2024, donc jusqu’à ce vendredi, mais d’autres interventions sont également mentionnées pour le mois de mars, et inscrites sur la carte de l’île jointe à l’arrêté (que nous avons volontairement flouté). Il est d’ailleurs surprenant que les dates soient mentionnées au risque d’avertir les passeurs de la présence de l’armée sur les zones définies : îlot Mtsamboro, zone littorale de 1km au Nord-Est de Petite Terre, (Badamiers, Dziani, La Vigie), côte Nord-Ouest de l’île (Acoua-Mtsamboro), zone Sud (de Bambo Est à Boueni). « Ce n’est pas parce que nous indiquons des dates, que les drones seront utilisés », mentionne Aurélien Diouf.
Les militaires vont accéder à ces informations et les analyser, mais en ont également l’autorisation les gendarmes et policiers nationaux, ainsi que les agents des Douanes. Des données qui peuvent être transmises à la justice.
A.P-L.