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Justice – Quatre ans de prison pour les commanditaires de l’attaque de la brigade de Sada

Ce sont deux hommes insérés dans la société, mais qui ont été confondus pour avoir poussé des jeunes à attaquer la brigade de gendarmerie de Sada fin janvier en leur faisant miroiter des récompenses, qui étaient jugés ce vendredi au tribunal.

La nuit du 28 au 29 janvier dernier avait été chaude pour les gendarmes de Sada. Non seulement ils devaient intervenir sur des agressions d’automobilistes, mais leur propre brigade était prise d’assaut à coup de cocktail Molotov et de jets de pierres par une cinquantaine d’individus. Plusieurs jeunes, certains majeurs, d’autres mineurs, étaient interpellés, et lors de l’interrogatoire, l’un d’entre eux lâchait, « on nous a promis 80 euros pour attaquer la gendarmerie ». Une déclaration à laquelle la juge n’avait pas donné suite lors de l’audience de leur comparution le 31 janvier, nous apprenions ensuite qu’une enquête était en cours. Ils étaient condamnés à quatre ans de prison ferme pour cet acte. Le député Mansour Kamardine appelait à remonter « les filières qui organisent délibérément le chaos à Mayotte. »

Mercredi dernier, alors que le rassemblement battait son plein à Pamandzi pour le Congrès des forces vives, tombait l’information de l’arrestation d’un barragiste de Chiconi, surnommé Alger. Bien que la gendarmerie ait aussitôt communiqué que l’opération était « sans rapport avec le mouvement social en cours » mais en lien avec « l’attaque de la brigade de gendarmerie de Sada », le ton montait du côté des manifestants.

Les enquêteurs commençaient par vérifier les dires des trois jeunes incarcérés. Ces derniers qui ont commencé à être entendus une première fois aussitôt après leur arrestation et séparément, expliquent que « des adultes de Sada les ont contactés par téléphone et par sms », pour unir leurs forces et attaquer la gendarmerie de Sada, leur promettant de l’argent, de l’alcool, et le plein d’essence de leurs scooters. Ils donnaient deux surnoms, Madou et Alger, indiquant que le second les orientait lors de l’attaque et leur donnait des renseignements sur les positions des gendarmes pour qu’ils ne se fassent pas attraper. Et donnaient un détail vestimentaire : Alger portait une cagoule noire avec un liseré blanc.

Grâce à l’aide de la famille

Le tribunal judiciaire de Mamoudzou

Les gendarmes décidaient de perquisitionner aux domiciles des deux hommes, des quadragénaires insérés dans la société à Sada, et trouvaient diverses armes, et des objets compromettant, ainsi que cela était rapporté lors de leur jugement en comparution immédiate ce vendredi 16 février. Chez Madou, 6 armes de poing, des pistolets défensifs de type Gomm Cogne, et dans son véhicule, un coup de poing américain, des couteaux, un lance pierres, un masque de ski (parfois utilisé par certains pour se protéger des gaz lacrymogènes) et deux cagoules. L’habitation d’Alger n’a pu être visitée par les gendarmes, la population ayant fait obstruction. Mais sa famille se rendait à la gendarmerie et déposait une cagoule avec un liseré blanc.

Lors de son interpellation, Madou nie tout en bloc, mais face aux témoignages des trois jeunes qui se recoupent sans qu’ils aient pu se concerter au préalable, finit par avouer avoir téléphoné et envoyé des messages aux jeunes pour qu’ils mènent une attaque groupée. Alger niait toute implication dans les faits. Pourtant, les jeunes dans leurs témoignages précisent qu’ils étaient tous deux bien présents lors de l’assaut de la gendarmerie, notamment pour lancer des pierres.

D’autre part, les fadettes (factures détaillées de téléphone), parlent pour eux : des appels et messages entre Madou et Alger ont bien été échangé entre 22h et 3h30 dans la nuit du 28 au 29 janvier, bien que Madou leur ait demandé d’effacer tous les messages, ce qu’ils avaient fait. Ce qui ne supprime pas les traces lors de l’examen des fadettes.

Attaquer ceux qui nous défendent

Capture d’écran de la vidéo amateur de l’arrestation d’Alger par le GIGN à son domicile sous les huées de la population

Pour leur défense, un des avocats invoque leur énervement après les ordres donnés par le préfet de faire lever de force les barrages.

C’est la raison première du durcissement du mouvement, mais de là à attaquer un des bâtiments symbolisant l’ordre au sein de la République française, surtout dans un contexte où la population demande davantage de présence policière, il y a un pas dangereux.

Le verdict vient sanctionner les faits : « il n’y a pas de preuves de versement d’argent pour commettre ce délit, mais suffisamment pour désigner une instrumentalisation de la part de Madou et Alger. Je demande une peine équivalente aux trois jeunes déjà condamnés dans cette affaire, soit 4 ans de prison », requérait le procureur, qui était suivi par le tribunal, qui les condamnait à cette peine avec mandat de dépôt, c’est-à-dire qu’ils sont partis dès ce vendredi vers la prison. C’est donc en vain que l’avocat de la défense tentait de plaider l’insertion dans la société des deux hommes, puisque l’un est CPE dans un collège, et l’autre chauffeur pour le SIDEVAM.

Quelques personnes étaient venues en soutien au tribunal, peu cependant. L’un des « supporters » des deux hommes a lâché, « dehors les Africains ! », en apercevant Me Konde… l’avocat d’un des prévenus.

Un acte qui prouve que l’instrumentalisation ne passe pas toujours inaperçue, et que même en période de mouvement social, sa structuration est la meilleure des garanties contre ces dérives.

Anne Perzo-Lafond

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