28.8 C
Mamoudzou
samedi 5 octobre 2024
[the_ad_group id="6"] [the_ad_group id="4"]
Accueilorange« Rissouriya » contre la délinquance, et c'est déjà un tube

« Rissouriya » contre la délinquance, et c'est déjà un tube

« Rissouriya », c’est le mariage de l’indignée musicienne Saandati, traduction plus adaptée dans son cas pour « auteur-compositeur », et de la douce détermination de Sarah Médard. Un duo de charme et de choc aussi, de "Mahopolitaines" qui dénoncent notamment les conditions d’exercice de leur profession à Mayotte.

On connaît Saandati Moussa pour ses chansons engagées, sa défense des femmes battues, son message de prévention des grossesses précoces, et surtout, sa gouaille contre l’infidélité des hommes, dans « Dago », à faire trembler les ondes !

Sarah Médard, son visage ne vous dit sans doute rien, mais parions que vous vous êtes déhanché sur « Tsina moina probleme », un sacré problème en vérité, puisqu’elle chante sur un rythme coupé-décalé, le cœur d’une femme qui hésite entre deux hommes. Un tube qu’explique l’artiste d’apparence mesurée, « en fait, ce disque était une erreur du monteur. Pendant que ça discutait dans le studio, j’ai commencé à dire n’importe quoi au micro pendant que quelqu’un improvisait à la guitare, et ça a marché du tonnerre ! »

C’est la première fois que les deux femmes se retrouvent pour un duo. Leurs trajectoires s’étaient croisées, Saandati avait été choriste de Sarah, qui craque par la suite pour le « Mtroumama Karemwa » de sa copine, mais elles ne font que partager des scènes, sans collaborer.

Grande complicité entre les deux artistes sur les messages à faire passer

C’est paradoxalement en métropole qu’elles se retrouvent il y a quelques mois. Avant de partir pour suivre à Rennes (Bretagne) une formation d’employée administrative et d’accueil en tant qu’agent du conseil départemental, Saandati écrit le début d’une chanson sur l’insécurité à Mayotte. Elle suit sur les réseaux sociaux le mouvement social « de A à Z », et contacte Sarah Médard, qui prend aussitôt un billet aller Paris-Rennes. « Je souhaitais un regroupement d’artistes, sur le mode des Enfoirés chacun aurait chanté une phrase, mais c’était compliqué », glisse Saandati.

« 10.000 vues en un jour »

Le morceau « Rissouriya » (« On a peur »), uniquement en shimaorais pour l’instant, sans doute prochainement traduit en français, raconte la plongée de Mayotte dans la délinquance : « Je reviens sur la Mayotte d’avant, quand on dormait sans fermer sa porte, alors que nous sommes maintenant barricadés. Les jeunes ne se battent plus avec leurs mains mais avec des armes. C’est un appel aux autorités de ne pas nous laisser nous défendre, mais de nous protéger ».

Conçu au départ sur un rythme m’godro, l’accompagnement évolue vers « un reggae féminin », lance Saandati dans un éclat de rire, que décrypte Sarah, « c’est un façon de chanter le reggae que nous n’avons pas, ça swingue. L’intro, c’est un morceau joué à l’orgue, Kordjee nous a dit, ‘c’est une musique d’église !’ » Ne demandez pas comment l’auteur-compositeur a aligné les notes, les noires et les blanches sont dans sa tête, « je chante au musicien ce que je ressens, je ne sais même pas jouer de la guitare », sourit-elle.

On a rapidement en tête la mélodie du refrain « Rissouriya » du morceau diffusé sur les ondes depuis mardi, « et déjà 10.000 vues en un jour ! ». Le clip est en préparation, tourné notamment sur le terrain de Viviane, une de leurs amies, à Hajangua, « j’espère que le soleil va se montrer », s’inquiète Saandati.

Des prestations non payées

Saandati au Festival Milatsika, une des rares scènes à survivre

Deux artistes de talent, mais qui ne peuvent en vivre à Mayotte, comme nous l’avions déjà dénoncé : « Ça empire d’années en années, il n’y a plus de scène, nous ne pouvons plus tourner. Les services culture du Département sont aux abonnés absents. Pire, lorsque le festival Hishima existait encore, j’étais l’artiste vedette, j’ai investi pour cette scène, mais on ne m’a jamais versé les 1.000 euros que l’on me devait », relate Saandati. Elles ne tarissent pas d’exemples de musiciens invités à grands frais depuis la métropole et payés, alors que leurs homologues locaux ne sont pas mis en valeur, « c’est ‘désencourageant' », glisse Saandati, en appuyant sur ce néologisme.

Saandati vise aussi la SACEM dont elle avait déjà dénoncé les pratiques « légères » dans nos colonnes : « En 2016, ils m’ont dit que j’étais l’artiste la plus diffusée, et qu’avec le versement des prestations j’allais pouvoir partir aux Etats Unis… le chèque était finalement de 100 euros, et est monté à 600 euros parce que j’ai râlé, mais bien en dessous de ce que ça méritait… ça laisse songeur ! »

Il faut dire que tous les diffuseurs ne sont pas en règle sur les droits SACEM, et d’une autre côté, les artistes sont inégalement informés, souligne Sarah Médard : « A chaque soirée programmée, nous allons déclarer nos chansons à l’organisateur, qui établit une playlist, nous sommes rémunérés sur cette base ». « La plupart d’entre nous ne le sait pas, la SACEM devrait organiser des séquences de formation sur ce sujet », déplore Saandati. Mayotte laisse encore une fois filer ses talents.

Retour à la verdure du terrain de Hajangua, les jeunes femmes se préparent à tourner parmi les fleurs de Viviane et sous le soleil retrouvé. Pas de meilleur contraste pour chanter « Rissouriya » !

Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

l'actualité

+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours

L’agenda week-end : Focus sur les Portes-ouvertes du RSMA et la finale de Hip...

0
Au programme de ce week-end : La réouverture des Portes ouvertes du RSMA, la dernière journée du Festival de Hip hop Evolution, et apéro concert ce vendredi soir, EDDINE en Showcase, les sorties tranquilles, sans oublier les séances de cinéma
Marie Guévenoux,Patricia Brocard, Sylvain Maillard, Christophe Naegelen, Mayotte, CHM, Assemblée nationale

Visite ministérielle : les ingrédients d’une prise de conscience

0
Elle pourrait presque endosser le statut de guide d’une visite des hauts lieux en tension de Mayotte pour les députés qui l’accompagnent, Marie Guévenoux, qui en est à sa 4ème visite, elle qui fut nommée il y a seulement trois mois, le 8 février 2024
Jade Hôtel & Spa, hôtel, Mayotte

Ouverture prochaine du Jade Hôtel & Spa à Bandrélé

0
Il a monté son projet dans le Sud-Est de l’île : Inzou Ana, entrepreneur local, a toujours rêvé nous dit-on, d’offrir à Mayotte un « hôtel de haut standing ». Nous attendrons donc de tester, mais le...
Air Austral, RunAir, Sematra, La Réunion, Mayotte

Préavis de grève Air Austral : « aucune perturbation à ce jour », indique la compagnie

0
Les trous d’air se suivent depuis la tempête nommée Covid pour la compagnie régionale. Les rallonges de l’Etat puis des actionnaires publics et privés peinent à lui faire relever le nez. Syndicats et direction doivent s’accorder sur l’ampleur de la réduction de la masse salariale incitant le SNPNC-FO à déposer un préavis de grève pour le 10 mai
France Travail, Action recrut', MRS, Mayotte

France Travail : chute des intentions d’embauche entre 2023 et 2024 à Mayotte

0
Une enquête sur les Besoins en main d'oeuvre des entreprises de Mayotte en 2023, permet de cerner à la fois le moral des entreprises et leur capacité à se doter de collaborateurs adéquats. Un marché de l’emploi complexe que celui de Mayotte où le déficit de diplôme pourrait être comblé par de nouveaux dispositifs

Recent Comments