C’était un peu jour de grand-mariage à Koungou. Une union entre plusieurs partenaires. Les mélodies des chants, Deba et shigoma, s’élevaient dans un ciel presque sans nuage avec en toile de fond la présentation du Nouveau projet de Renouvellement urbain (NPRU) de Majicavo Koropa. De nombreux invités, élus, services de l’Etat ou issus du privés, étaient présents.
Le maire Assani Saindou Bamcolo accueillait ceux qui allaient prendre part à la noce, le président du conseil départemental, Soibahadine Ibrahim Ramadani, qui participe à 20% du protocole de préfiguration, l’Etat représenté par le préfet Frédéric Veau qui finance pour 15%, et la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) pour 8%, avec Nathalie Infante, sa Directrice Régionale. La commune de Koungou met 14% de la somme totale de 1,86 million d’euros, et l’Agence nationale pour la rénovation urbaine, ANRU, la plus grosse partie, 43%.
Un partenariat salué par le président du conseil départemental : « Une formidable concertation des acteurs institutionnels et le portage politique fort des élus. »
Identifier des leviers de croissance
Comme l’a expliqué le préfet de Mayotte, il s’agit de financer, « une douzaine d’études nécessaires sur 2 ans, pour élaborer les priorités et le budget nécessaire au réaménagement du quartier de Majicavo Koropa. Pour remplacer l’habitat informel et insalubre et rénover les logements sociaux. »
Car Majicavo Koropa, c’est 50% de bangas en tôle, et 57% des habitations dotées d’un point d’eau, et aucun assainissement collectif.
Mais il faut voir plus large, met en garde Nathalie Infante, qui défend l’idée de développement du territoire : « Il faut travailler sur l’ensemble des domaines, et pas uniquement sur l’habitat et la rénovation urbaine, mais identifier les leviers de croissance, pour déboucher notamment sur de la création d’emplois. » Et si la commune dégage des pistes de développement, elle pourra compter sur la Caisse des Dépôts, souligne-t-elle « nous pouvons abonder les fonds propres. »
Pour l’instant, les atouts du quartier sont la foire Ramadan et la piscine Koropa. « Mayotte ne peut plus se construire sur une prolifération sz ghettos entre noirs et blancs, entre étrangers et nationaux, entre riches et pauvres », martelait Soibahadine Ramadani.
Glissement de terrain mortel
Une ingénierie de projet à adopter, qui n’est pas familière à Mayotte, « et qui pourra ensuite bénéficier à l’ensemble de la commune », faisait remarquer Frédéric Veau, et dont est chargée Stéphanie Simonet, recrutée il y a 2 ans par la mairie, « nous devons maintenant dégager les éléments positifs et les contraintes pour définir un projet réaliste qui sera mis en œuvre sur les 5 prochaines années », nous explique-t-elle. Cinq chargés de mission devraient l’épauler.
Les impératifs sont nombreux : réduire la vulnérabilité de la population face aux risques naturels, reconquérir le littoral, désenclaver, offrir des équipements publics… Une Maison du projet sera érigée pour permettre une participation de la population.
Le drame du glissement de terrain ayant provoqué le décès d’un enfant début janvier à Majicavo Koropa, a souligné l’urgence de travailler sur ce quartier de Koungou.
Et ce n’est pas au maire Assani Saindou Bamcolo, qu’il faut l’apprendre, qui remerciait Nathalie Infante pour son implication : « En 2012, nous étions venus frapper avec nos petites sacoches à la porte du cabinet du ministère des Outremer où vous étiez employée. Il n’y a pas eu de suite. » Les choses ont changé quand elle fut nommée à la direction régionale de la CDC, « vous êtes venue à ma rencontre en me disant ‘monsieur le maire, je vais enfin pouvoir vous aider’. »
« Changer la ville pour changer la vie des gens », la citation de conclusion de Frédéric Veau traduisait les attentes de la population.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
